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Theophile the Elder

vendredi 23 décembre 2016

Pratique avancée, partie 9


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En chemin avec Théophile l'Ancien 

Théophile le Jeune et son ami l'Ancien se rendent aujourd'hui chez Malik qui a invité le jeune homme à poursuivre son approche du soufisme.


Tout en marchant l'Ancien explique :
Notre ami est musulman et sa voie, le soufisme, a su intégrer chrétiens, hindous, juifs, bouddhistes, non religieux sans demander à quiconque de se convertir à l'Islam. Les soufis considèrent leur entraînement spirituel comme un voyage de l'âme. Pour le chercheur le Chemin passe par différentes étapes, différentes stations.

Les deux amis pénètrent dans une maison aux murs immaculés où Malik les attend, tranquillement assis sur un tapis de soie aux couleurs moirées. Après les salutations d'usage un silence s'installe.

Malik invoque directement Dieu :
La ilaha illa Allah.

Théo pense : pas de fioriture, droit au but !

Vigilant, le jeune homme garde sa conscience totalement ouverte. Il observe l'homme assis en face de lui. Une douce transmission commence à toucher son cœur et cette sensation familière le rassure. Elle compense l'air sévère de son interlocuteur. Il remarque un léger sourire sur le visage de l'Ancien. Il comprend que Malik touche mentalement chaque point de la région de son cœur pour finir avec celui qui se situe au centre du cerveau.

Malik. – Je vois que l'Ancien t'entraîne à la "méditation d'excellence". Elle est pour celui ou celle qui cherche la Réalité, qui voit en toute chose la Vérité de Dieu et qui reconnaît la Présence en permanence. Je t'ai mis directement en contact avec Dieu et mon invocation signifie : "Pas de dieu si ce n'est Dieu", mais pourrait aussi se traduire par "Pas de réalité si ce n'est la Réalité".

L'Ancien sert une tasse de thé à chacun. Théo se détend. Il a l'impression d'avoir passé un test.

Malik répond à sa pensée :
Je devais savoir quel serait notre niveau de communication. Je constate que l'Ancien t'a bien entraîné.

Théo sent les chakras au centre de sa poitrine et de sa tête pulser, scintiller.

Malik dessine les cinq centres subtils, Théo les reconnaît immédiatement.
                                                   Akhafa

                      Khafi                                                  Sirr

                      Rûh                                                    Qualb

Chacun d'entre eux répond différemment au dhikr (l'invocation), explique Malik.
Ces cinq centres subtils correspondent à des niveaux de conscience du cœur. Ils appartiennent au "monde de la Volonté" (région du cœur ou pindesh). Celui de la tête est celui de la conscience supérieure et de la communication de l'âme avec le Divin. Il appartient au "monde de la Création" (région cosmique ou brahmamandal). Ces cinq centres subtils sont des voiles qui sont à la fois des obstacles et des protections. Le guide spirituel fait progresser son disciple de chakra en chakra, en les purifiant et en les illuminant par la transmission, "Tavajjoh".

Se retournant vers l'Ancien, Théo demande :
Ce sont les mêmes chakras que nous ?

L'Ancien.Il ne peut en être autrement. Ils sont universels, mais chacun peut les utiliser différemment.

Malik poursuit :
Le cœur, "Qualb", reçoit le nom de Dieu "Allâh", sa vibration. Le son, "Shabd", touche l'âme de l'aspirant. La transmission met en mouvement l'âme vers le second centre, "Rûh", l'esprit. Ici le Nom est oublié, l'aspirant est dans la Présence. Au fur et à mesure de l'avancée dans les centres subtils, la Présence est de plus en plus profonde et permanente. L'aspirant se perd en Dieu. En même temps l'intuition devient de plus en plus profonde. Le disciple accède à la Connaissance.

Théo. – A quoi sert le dhikr, l'invocation, c'est ça ?

Malik. – Le but du dhikr est d'orienter le pratiquant vers Dieu et uniquement Dieu. Il affirme à partir de la parole, du témoignage, l'Unicité, "Tawhid". Son âme se rappelle alors sa nature originelle appelée "Fitra" et du pacte, "Mithâq", qu'elle a passé avec Dieu avant de s'incarner. L'aspirant se fond alors dans le Divin et quand le moment est venu, par la grâce de Dieu, il fusionne ,"Fana", en Lui.

Théo. – Mais que se passe-t-il ensuite ?

Malik. – C'est "Baqa", le disciple voit Dieu dans toutes les créatures.
Dans notre voie, il y a six piliers, je vais te les nommer et tu les écouteras attentivement avec ton cœur.

Théo est immédiatement disponible, les yeux mi-clos.

Malik prononce doucement l'invocation, le dhikr :
Allâh Hu … silence
La méditation, Murakabe, Malik transmet. … silence …
La conscience du cœur, Qualb i vukuf … silence
La préservation du lien spirituel … silence
Le Lien d'Amour … silence …
La Compagnie du Cheik (Maître)


Théo. – Qu'en est-il de la méditation ?

Malik. – Nous l' appelons "Murakabe" et elle consiste à méditer sur l'omniprésence de Dieu en tout lieu et en toute chose. Cette méditation nous l'appelons la "garde du cœur" : nous gardons notre attention sur le cœur, ne nous laissant pas détourner par le mental et ses illusions. Nous méditons jusqu'à ce que le "secret divin" nous soit révélé. Nous l'appelons aussi "la vigilance contemplative". Si l'homme persiste dans l'observation de son cœur, il deviendra conscient de sa propre réalité, celle que Dieu a inscrite dans son cœur. Il comprendra alors la Vérité de Dieu, son Essence, son Nom.

Ô Soufi, si tu purifies le miroir de ton cœur
Une porte s'ouvrira en toi,
Le Rayonnement de Dieu brillera sur toi.

De plus la répétition du "Mot d'Alliance", "La ilaha illa Allah", retourne l'esprit vers notre nature essentielle "fitra" et polit notre cœur. Celui-ci a tendance à s'oxyder, alors nous le polissons par le dhikr et le repentir. Si le cœur est nettoyé de ses nuages, il verra les mensonges, comme la Vérité.

Théo. – Nous aussi nous avons le nettoyage dans notre pratique. Vous évoquez aussi un Maître spirituel, quel est son rôle ?

Malik. – Chaque apprentissage nécessite un maître qui maîtrise le sujet qu'il enseigne. Dans le domaine musical, les plus doués participent à des classes de perfectionnement et parfois ils ont la chance de prendre un cours particulier avec un maître de musique. S'ils sont doués et enthousiastes, ils peuvent en devenir les disciples. Très peu sont acceptés par un tel maître. Ces virtuoses sont déjà au-delà de la technique. Ils viennent chercher ce petit "plus" qui fait toute la différence. En spiritualité cette différence, c'est Dieu.

Théo. – Dans le Coran, Dieu n'a-t-il pas affirmé que tous, désormais, peuvent avoir accès directement à Lui ?

Malik. – C'est vrai, mais qui y arrive vraiment ? Qui arrive à se libérer de la tyrannie de l'ego ? Un maître spirituel est celui qui a totalement fusionné avec Dieu. Il est "sans être". Il est à la fois totalement humain et totalement divin. Il a atteint la perfection dans l'imperfection. Quand il accepte de guider un disciple, il l'initie.

Théo. – Vous voulez dire que rares sont les disciples qui sont acceptés par un maître spirituel ?

Malik. – Quand une sœur ou un frère est initié par un maître spirituel, celui-ci prend la totale responsabilité de son disciple. C'est pour cela que le Maître est très prudent quand il s'engage. Il assumera la moindre erreur de son disciple. Il est prêt à tout lui donner jusqu'à sa vie même. Un maître est totalement abandonné à Dieu. En fait, Il est le serviteur de Dieu et de son disciple. Le lien qui est établi est un lien de cœur à cœur, un lien d'amour.

Théo. – Le Maître représente-t-il "l'Homme Universel" ?

Malik énonce le hadith :
"Celui qui me voit, voit la Vérité" … silence …

Théo a l'habitude de ce mode de communication avec l'Ancien. Elle est essentiellement non verbale.

Il sait que Malik le sollicite à l'intérieur.

Théo brise le silence :
Je préfère l'accès à Dieu par l'Amour.

Malik reste impassible :
Sans amour rien ne se fait … silence
Il est le miroir de ce monde
La Réalité de toutes choses … silence

Théo. – Quel conseil donneriez-vous à un chercheur spirituel ?

Malik. – Celui qui cherche Dieu doit avancer sur le chemin. Tout d'abord il transforme ses défauts en qualités. Pour cela chaque soir, il fait son introspection avec son regard intérieur tourné vers le Réel. Il purifie également son esprit et cultive les vertus, celles offertes par Dieu à l'homme. Il passera alors de la "certitude de la Vision" à la "réalisation de la Certitude".

Théo. – Qu'est-ce que la Certitude ?

Malik. – L'introspection est graduelle. Le chercheur débute avec les lois dictées par la religion qui pose ce qui est licite ou illicite. L'étape suivante est celle de la foi pour finir avec la certitude spirituelle, la Quintessence.


Théophile l'Ancien
Extrait de
Dialogues avec Théophile l'Ancien
L'initiation de Théophile le Jeune
http://theophilelancien.blogspot.fr/

vendredi 9 décembre 2016

Pratique avancée, partie 8


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En chemin avec Théophile l'Ancien 

Aujourd'hui Théophile l'Ancien est accompagné de son ami Malik qu'il veut présenter à Théophile le Jeune.


L'Ancien. – Je te présente mon jeune ami Théophile qui est très intéressé par la recherche spirituelle et voudrait approfondir la question de l'extinction selon la voie soufie qui est la tienne. Accepterais-tu de partager avec nous cette magnifique notion ?

Malik. – On ne saurait aborder cette question essentielle par la raison.L'intellect ne doit pas interférer.

Il poursuit lentement à voix basse :
Puisque Dieu n'est Rien,
Alors Il est Tout.
Il est RienTout.
C'est la complétude de Dieu.

Théo, sensible et entraîné, perçoit immédiatement la transmission qui sous-tend ces paroles et se met dans un mode méditatif, tout en gardant les yeux ouverts.

Malik. – Allâh Hwu ! s'exclame Malik, faisant jaillir l'invocation de la profondeur de son cœur.

Les yeux de Theo se ferment instantanément. Son esprit a reconnu le Verbe divin, sa vibration. Le son se propage dans tout son être. Chacune de ses particules entre en résonance avec le son sacré émis par le mystérieux ami.

L'invocation continue en silence. Théo en ressent les vagues. Il est emporté par la lumière dans une autre dimension de l'être.

Malik fixe le jeune homme et lui explique :
C'est la meilleure façon que j'ai trouvée pour partager avec toi ce que peut être le soufisme.

Théo. – Est-ce que tu peux me dire comment vit un soufi ? Cette voie est si peu connue.

Malik. – Un soufi s'efforce de vivre en Dieu, en Sa présence et cherche à se soumettre à Sa volonté.

Comme les chrétiens, en fait, réplique Théo un rien provocateur.

Malik psamoldie doucement :
Il n'y a de Dieu que Dieu.

C'est ainsi qu'un soufi prie chaque jour, évoquant le Divin.

Théo. – Quelles sont les manifestations qui en résultent ?

Malik. – L' amour, la compassion et la miséricorde, à l'image de Dieu. La paix et les bénédictions se répandent sur l'entourage qui le ressent. Dans notre voie l'équilibre entre le matériel et le spirituel est très important. Il provient de la maturité, fruit de la pratique, combinée à l'expérience. L'équilibre parfait s'obtient avec le temps. Notre âme aspire à l'impossible perfection, mais nous sommes doubles, faits d'argile et d'esprit. La terre, la nature ont leurs propres lois, tout comme l'esprit et le spirituel ont les leurs. Composer avec ces deux aspects de l'être est tout un art. Les maîtres soufis y arrivent parfaitement. Ils guident leurs disciples pas à pas, sur le Chemin qui mène à la Vérité.

L'homme est un trait d'union
Entre l'ombre et la lumière,
Entre le bien et le mal,
Entre le ciel et la terre.

La Voie encourage à l'équilibre et la modération, c'est le juste milieu. L'homme étant pétri de dualité, son travail premier est de retrouver l'Unicité.

Théo. – Comment peut-il y accéder ?

Malik. – Naturellement, car l'être humain est déjà porteur de l'Unicité. Dieu la lui a offerte lors de sa création. Dans le Coran il est dit que Dieu a passé un pacte avec l'homme, qu'Il a placé en lui un dépôt sacré qui constitue sa nature originelle appelée "fitra". Celle-ci est au centre de l'être et c'est à partir de cette nature originelle qu'il va construire son individualité dont le principe premier est l'unité. C'est ce secret, celui de notre propre existence auquel nous devons accéder.

Théo. – Que contient ce dépôt originel ?

Malik. – Toute la Création, tout l'univers.

Théo. – Mais encore ?

Malik. – Dans la tradition adamique, il est dit que Dieu a donné à Adam les 99 Noms divins. Ils correspondent à tous Ses attributs et toutes Ses qualités.

Théo. – Je croyais que Dieu n'avait ni nom, ni mental, ni attribut ?

Malik. – C'est juste, le Nom ultime, le Centre, le centième Nom, c'est celui qui n'est pas connu. Il ne peut être prononcé. Il n'est révélé qu'au moment de la fusion avec Dieu incréé. Ici, il s'agit du Dieu créateur. Celui qui nous a donné la vie. Adam le représente. Il est "l'homme universel".Les 99 Noms divins correspondent à toutes les qualités dont il est porteur et dont chaque être humain a hérité à travers lui.

Théo. – Est-ce la quête de l'Homme Universel dont parle la Kabbale ?

Malik. – La Kabbale,le Coran et les Védas… c'est aussi la quête de l'Ultime.

Théo. – Comment est-ce que je peux concevoir cette nature originelle que tu nommes "fitra" ?

Malik. – Comme une graine qui contient tout le Divin, toute la connaissance, toute l'information, toute la volonté et la capacité de l'être. Elle est au fond de chacun, intacte. C'est là que réside l'égalité entre tous. C'est la fraternité réelle.

Théophile ferme les yeux. Il plonge au centre de son être pour se mettre en contact intime avec sa nature originelle.

Après un très long moment de méditation introspective, Théo se tourne vers l'Ancien et lui dit :
Nous avons surchargé notre nature originelle d'ombres et de lumières, de complexités. Nous avons voilé notre conscience. Je comprends mieux la nécessité de nous purifier pour retrouver ce que nous sommes réellement.

L'Ancien aquiesce silencieusement.

Malik. – Comme tu as pu le pressentir, notre potentiel est immense. Ce "dépôt" est d'essence divine. Il est l'état originel que chacun aspire consciemment ou inconsciemment à retrouver. Sa lumière donne accès à Dieu, à la Vie de la vie.

Cette connaissance se transmet directement au cœur de Théophile tandis que Malik psalmodie doucement :
Le voyage de l'homme vers Dieu s'achève dans l'Océan infini de Son amour.
Le voyage de l'âme se poursuit à l'infini de Son éternité.


Les trois amis s'absorbent profondément dans un silence absolu.


Théophile l'Ancien
Extrait de
Dialogues avec Théophile l'Ancien
L'initiation de Théophile le Jeune
http://theophilelancien.blogspot.fr/

jeudi 24 novembre 2016

Pratique avancée, partie 7


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En chemin avec Théophile l'Ancien 

Théo. – Jeanne m'a parlé de la voie chrétienne et m'a dit que tu me présenterais la voie soufie.
Peux-tu m'en dire quelques mots ? J'ai cru comprendre que nous en sommes très proches.


L'Ancien. – Nous faisons Un avec toutes les voies qui mènent à Dieu. Le soufisme en est une.Il est aussi appelé : la doctrine du pur amour. La voie du soufisme est comme la nôtre, une voie directe, la "verticale" dont parlait Babuji, mais aussi le chemin qui conduit à la Vérité comme la voie des étoiles. L'humanité, elle, semble avoir choisi la grande et large spirale de l'évolution. Elle prend son temps et parfois même s'égare, mais tôt ou tard, tout revient à Dieu. Le Divin est à la fois hors du temps et dans le temps, tout ce que nous faisons est en Lui.

Théo. – Même le mal ?

L'Ancien. – Tout ! Le bien comme le mal. Au niveau du Divin la dualité n'existe pas. Elle débute au niveau dit "cosmique", celui de la création, mais c'est au niveau humain que cela devient dantesque.

Théo. – Tu penses à l'enfer de Dante ?
L'Ancien. – A l'enfer et au paradis créés par les hommes. Ils se font peur et nourrissent des espoirs illusoires.

Si Dieu existe,
Il est aussi en enfer
Puisqu'Il est omniprésent.

Montre-moi un endroit où le Divin n'est pas, poursuit L'Ancien. La création est le miroir de Dieu dans lequel il se contemple.Il donne vie à toute créature. La Beauté est en chacune d'elles, elle est unique et porte Sa signature. C'est pour cela qu'il nous faut respecter et aimer chaque vie, la Vie.

Dieu est le matriciel,
De Lui naît toute vie.

L'homme possède un œil extérieur et un œil intérieur. C'est par la lumière que les objets deviennent visibles et c'est par la Lumière de la révélation que l'œil interne peut percevoir les réalitésspirituelles. La difficulté vient de ce que nous limitons le Divin par nos projections. Nous le limitons, que ce soit dans le limité autant que dans l'illimité. En fait il est complet :
"Il est RienTout."
Il est vibration, lumière. Il communique avec nous aussi bien par le dense que par le subtil.

Théo. – Comment saisir la complétude de Dieu ? Nous vivons dans la dualité, nous sommes duels, comment appréhender l'unité ?

L'Ancien. – Essayons, veux-tu ?

Théo s'ouvre totalement et se rend complètement disponible. Sa conscience rejoint le deuxième niveau du coeur, celui de la conscience universelle. Il est sereinement attentif aux paroles de l'Ancien.

L'Ancien. – Choisis une paire d'opposés originels, comme le masculin et le féminin, le yin et le yang ou Purusha et Prakriti.
Fais les fusionner. Silence …
L'essence de leur fusion est le Créateur. Silence…
Celui qui a créé l'ombre et la lumière. Silence …
Efface cette essence en toi. Silence …
Tu accèdes à l'Essence de l'essence. Silence
Oublie-toi en elle, fusionne. Silence …
C'est Dieu incréé.

Théo. – La complétude divine est entre le créé et l'incréé.

L'Ancien. – Fais-les fusionner et tu accèdes à la Réalité.
Théo. – Je peux donc le faire avec toutes les paires d'opposés et répondre à de nombreuses questions que je me pose, n'est ce pas ?

L'Ancien. – A quoi penses-tu ?

Théo. – A tout, à des paradoxes comme le bien et le mal, l'ombre et la lumière.

Le regard malicieux, Théo propose :
Et le plus grand des paradoxes, l'homme et la femme, un vrai mystère !

Toi, l'autre… suggère l'Ancien.

Théo. – D'accord, je fais fusionner moi et l'autre ...

L'Ancien. – Et tu trouves ?

Théo. – Dieu.

L'Ancien. – Donne-moi des exemples que tu aimerais explorer.

Théo. – L'alpha et l'oméga.
Le limité et l'illimité.
Le fini et l'infini.
Le mobile et l'immobile.
Le carré et le cercle.
Le temps et l'espace.
Le centre et la périphérie.
Le manifesté et le non manifesté.
Le temps et le non-temps.
Le mental et le non-mental.
La parole et le silence.
Le silence et le Silence.
La créature et le créateur.
Soi et Dieu.
Moi et Dieu.

L'Ancien éclate de rire :
Que de questions métaphysiques ! Je te rappelle que c'est un exercice non-mental, basé sur la fusion vibratoire pour effectuer un saut quantique dans le Réel, puis l'Absolu.

Théo réplique joyeux :
Si je fais "toi et moi" la réponse sera probablement un véritable oxymore !
J'ai entendu dire que l'homme est une métaphore de Dieu.
Sérieusement pourquoi cet exercice ?

L'Ancien. – Pour te déconditionner spirituellement et laisser le champ libre au Divin en toi. Chaque fois que tu feras cet exercice avec une paire d'opposés, tu découvriras une qualité et un attribut divins.
Dieu aspire à Dieu en chacun.

L'homme est le miroir de Dieu.

Par lui il contemple Sa création.

Chacune de ses créatures est unique
Et porte Sa signature
Chacun est Son chef d'œuvre,
Mais beaucoup sont encore en cours de façonnage.

Chacun est parfait dans son imperfection.
Le reconnaître, c'est la véritable humilité,
C'est la Réalité.
Nous sommes faits d'argile et d'esprit.
L'homme est un isthme entre l'ombre et la lumière.
Il est l'avant-garde de la Création


Théo. – Quelle est notre relation à Dieu ?

L'Ancien. – L'Amour. Notre relation au Divin est basée sur l'amour, alors notre relation à la vie et à l'autre sera aussi basée sur l'amour.

Théo. – C'est un beau programme.

L'Ancien. – Quand un champ d'amour est créé, tout devient possible. Il n'y a plus aucune restriction, aucune limite. Nous avons quitté le domaine de la foi pour celui de la certitude. Alors tout naturellement, la paix, le silence et l'équilibre s'installent en nous.

Théo. – Sans effort, je suppose, c'est la pratique avancée.

L'Ancien. – Le non-effort vient de l'effort, qui provient du travail de purification et de simplification de l'être. C'est lui qui permet d'être dans la Présence donnant accès à la conscience divine.

Théo. – Jeanne a parlé de "fana", de l'extinction dans la voie soufie. Peux-tu m'expliquer ?

L'Ancien. – C'est simple : quand Dieu est présent, c'est que je suis absent.
Mais je vais te faire rencontrer un ami qui m'est cher et qui te parlera de sa Voie, tout comme Jeanne l'a fait précédemment.

Théophile l'Ancien
Extrait de
Dialogues avec Théophile l'Ancien
L'initiation de Théophile le Jeune
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vendredi 18 novembre 2016

Pratique avancée, partie 6


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En chemin avec Théophile l'Ancien 

Le lendemain Jeanne et Théo poursuivent leur échange.


Jeanne. – Hier tu as expérimenté la manière douce d'aller à Dieu.

C'est celle que je préfère, l'interrompt Théo, j'aime sentir la transmission et la grâce se déverser en moi. J'aime ce silence qui devient dense, ouaté. Je sens que la Présence s'intensifie. A ce moment, penser à soi devient penser à Lui.
Mais aujourd'hui, Jeanne, je voudrais aborder le travail sur le caractère dont l'Ancien dit qu'il est indispensable. Il m'a même donné une méthode efficace pour effacer les mémoires et données erronées en plus de la pratique quotidienne du nettoyage des impressions et des complexités. Comment envisages-tu ce travail sur soi ?

Jeanne. – Je ne peux t'en parler car je travaille différemment. Dans ma voie, pendant la pratique débutante, nous effectuons notre introspection puis nous nous confessons régulièrement afin de pouvoir communier avec le Seigneur. Ensuite dans la période de la pratique avancée, nous tendons à être en état de communion permanente. Nous laissons notre âme au repos, dans le silence intérieur. Nous sommes à l'écoute, attentifs au Verbe. L'oraison est infuse et presque continue. L'âme s'enfonce naturellement dans les profondeurs du cœur.

Théo. – C'est magnifique, mais cela ne répond pas à ma question sur la transformation du caractère.

Nous travaillons la patience, répond Jeanne en souriant. Elle est indispensable pour développer la foi.Nous devenons attentifs à Dieu, cela entraîne naturellement l'oubli de soi et tout intérêt propre. Ces seules actions attirent l'Amour et c'est Dieu qui amène les ajustements nécessaires et les corrections qui s'imposent. Il n'y a pas de travail conscient alors. Il s'agit plutôt d'un travail innocent, dans la paix et la tranquillité. L'amour le plus pur opère dans l'âme. L'oubli de soi est la marque de la purification. Dans le silence et l'oraison continue, nous laissons agir Dieu. En final, Dieu ne peut être mieux reçu que par Dieu.
La Présence se fait si forte que tout naturellement, les yeux de Théo se sont fermés. Les trois amis s'absorbent un long moment dans ce silence recueilli.

Puis Jeanne continue :
– Dans la pratique avancée, nous dépouillons l'âme de ses propres opérations. Quand nous repérons un défaut nous nous tournons immédiatement vers l’intérieur. Une âme véritablement humble ne s'étonne pas de ses faiblesses. Elle essaie de s'abandonner à Dieu, de se laisser guider par Lui.

Théo. – Est-ce pour cela que vous priez en permanence ? Pour occuper votre esprit en le tournant vers l'Ultime ?

Jeanne. – Lprière est essentielle pour nous. Les débutants peuvent utiliser un chapelet pour commencer. Mais en fait nous prions une seule fois pour connecter notre esprit à Son Esprit. La prière devient ensuite une effusion du cœur en présence de Dieu et c'est la chaleur de l'amour qui fait fondre l'âme et la fait monter vers Dieu. Saint Jean de la Croix disait : « L'oraison, c'est de l'encens qui monte à Dieu. »Il faut cesser d'être afin que le Verbe soit en nous. Rien n'y résiste.

Nous ne sommes donc jamais en action ? demande notre jeune ami

Imperturbable et sereine Jeanne continue :
Dans l'oraison de silence, quand la personne agit, elle est mue par Dieu, par son Esprit. C'est ce que nous appelons « le mouvement de la Grâce » pendant que l'âme est en plein repos. Son action est libre, aisée, naturelle, tant et si bien qu'elle ne semble pas agir.

Tout comme maintenant, tu parles sans parler, sous inspiration. L'Ancien m'a habitué à cela, dit le jeune homme d'un air entendu.

Théo poursuit très concentré :
Si j'ai bien compris, nous quittons la multiplicité pour entrer dans la simplicité et l'unité de Dieu et nous agissons sagement guidé par son Esprit. L'action ordinaire devient alors une action divine. En nous retirant, nous laissons la place à l'action de Dieu. Donc, plus l'âme perd ses caractéristiques, plus elle devient pure et innocente. C'est cela le résultat de la pratique avancée, mais après ?

Jeanne. – Il y a l'Ultime et son Amour.

Les yeux de Jeanne brillent de mille feux sombres communiquant l'état de béatitude au jeune Théophile. A nouveau le silence habité s'installe.


Théophile l'Ancien
Extrait de
Dialogues avec Théophile l'Ancien
L'initiation de Théophile le Jeune
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dimanche 13 novembre 2016

Pratique avancée, partie 5


Vous allez être redirigé vers le nouveau site de Théophile l'Ancien :
En chemin avec Théophile l'Ancien 

Aujourd'hui, comme promis, Théophile l'Ancien et son amie Jeanne accueillent Théophile le Jeune pour aborder la pratique avancée.


L'Ancien. – Bonjour Théo, je te présente Jeanne, une amie de cœur de longue date. Elle a accepté de te parler de la pratique avancée au travers de la tradition chrétienne qui est sa voie. Écoute-la attentivement. Qu'elle t'inspire dans ta quête.

Se tournant vers Jeanne :
Jeanne, j'aurais aimé que tu nous parles de l'oraison.

Volontiers, acquiesce-t-elle. Vois-tu Théo, l'oraison, c'est l'application du cœur à Dieu. C'est un exercice intérieur à l'amour qui permet de marcher en présence de Dieu. L'idée de l'oraison est de fixer notre esprit sur Dieu, dans le fond de notre cœur, tournant tous nos sens et notre mental vers l'intérieur pour nous recueillir.

C'est comme notre méditation ! s'exclame Théo.

Jeanne. – Pour les chrétiens, la méditation est la réflexion des propos tenus par Jésus-Christ dans leur esprit. C'est le reflet de ses paroles sacrées sur leur âme.

Théo. – Peux-tu me donner un exemple concret ?

Jeanne. – Bien sûr. Comme le mot yoga, le mot religion signifie "relié", c'est notre lien avec Dieu. Nous le prions avec la prière « Notre Père ». Elle permet d'entrer en communion avec Dieu, qui est au dedans de nous, au fond de notre cœur.

Théo. – Que fais-tu lorsque tu pries ?

Jeanne. – Je commence par un profond acte d'adoration et d'anéantissement devant Dieu. Les yeux du corps se ferment et les yeux de l'âme s'ouvrent. L'âme est ramassée au dedans, ne s'occupant que de la présence de Dieu. La paix et le silence s'installent. Je suis totalement abandonnée, attendant de connaître les volontés du Seigneur. Cela correspond au moment où dans la prière nous disons intérieurement : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Le ciel est en nous, bien sûr.

Théo. – Que se passe-t-il ensuite ?

Jeanne. – Rien, tout.

Théo. – Et que devient la suite de la prière ?

Elle se dit ou pas, répond Jeanne doucement … Elle demeure silencieuse quelques instants. D'une voix douce elle murmure : «  Enfin le Verbe fuse, la "vive foi" de Sa présence suffit …  » Elle se tait à nouveau. Théo a du mal à garder les yeux ouverts. Son cœur l'aspire.

Jeanne. – Vois-tu Théo, quand la présence de Dieu est donnée, l'âme commence à goûter le silence et le repos. C'est cela la pratique avancée.

C'est la même approche que Saint Jean de la Croix, Thérèse d'Avila et Thérèse de Lisieux, commente Théophile l'Ancien. C'est une voie chrétienne par l'intérieur, par le cœur.

Jeanne. – Tout à fait. L'oraison de simplicité est continue. Avec le temps, elle devient plus douce, plus aisée. L'âme reconnaît le chemin pour trouver Dieu. L'amour est de plus en plus pur. Nous voulons juste être comme Il veut que nous soyons :
« Demeurez unis à Lui,
Attendez-Le avec patience
Afin que votre vie croisse
et se renouvelle. »

Théo. – C'est ce que nous, nous appelons l'abandon au « Maître intérieur », à la « Présence ».

Jeanne émerge de son silence et approuve :
L'abandon est la clef de l'intérieur, de la perfection. L'abandon est le dépouillement de tout, de soi-même pour laisser la conduite à Dieu. Cela demande la foi. Ici la foi est la conséquence, plus qu'un postulat. Tout a été remis au Seigneur, nos pensées, nos actes, notre spiritualité même. Nous considérons toutes les choses en Dieu et c'est Lui qui agit.

Un peu provocateur Théo affirme :
C'est ce que préconisait, il y a bien longtemps, le Seigneur Krishna dans la Bhagavad Gîta. Il conduisait le char de guerre d'Arjuna, son ami et disciple. Le Seigneur Krishna n'agissait pas directement, mais au travers d'Arjuna et de tous les protagonistes de la fameuse bataille.

Amusée Jeanne réplique mystérieusement :
Jeune Théophile, je le sais, je connais bien cet épisode puisque j'y étais.

La réplique de Jeanne laisse Théophile interloqué et dubitatif.

Feignant d'ignorer la réaction du jeune homme, Jeanne poursuit :
N'a-t-il pas dit aussi à Arjuna : « Tu me trouveras dans ton cœur » comme plus tard Jésus-Christ l'a dit aussi à ses disciples ? Tous les deux ont affirmé : « Je suis la voie, Je suis le chemin. »
Ainsi a le droit de l'affirmer, tout être qui s'est uni à Dieu, laissant totalement la place au Divin à l'intérieur.

Théo. – Cette idée d'anéantissement me gêne un peu.

Jeanne. – Chaque tradition a son propre vocabulaire mais le résultat est le même, le « moi » doit s'effacer devant Dieu. Les soufis parlent de « Fana »,qui est l'extinction. Ils parlent même de « Fana al Fana », de « l'extinction dans l'extinction » .Mais tu rencontreras cette approche plus tard quand Théophile l'Ancien le décidera. Dans votre tradition de raja-yoga vous nommez cela dissolution en Dieu, appelé « Laya-avasta ». Le concept est toujours le même, c'est Dieu qui conduit, tant à l'intérieur qu' à l'extérieur.
« Laisse le passé à l'oubli
Laisse le futur à la providence
Donne le présent à Dieu. »

Après un bref silence Théo insiste à nouveau :
L'ancien ne m'a pas encore parlé de cet aspect là de la pratique, mais cette idée de disparition du moi me semble douloureuse, peu attirante, j'éprouve une réticence que je n'explique pas vraiment.

Jeanne. – Parce que c'est le Divin que tu dois regarder Théo, pas l'extinction du moi. C'est un processus d'amour et dans l'amour tu ne vois que le Bien-Aimé.

Théo. – Tu veux me dire que tu souffres quand tu as conscience de toi, mais que lorsque tu aimes tu ne sens pas la souffrance ?

Jeanne. – Tu la ressens, mais elle a peu d'impact sur toi. Tout vient du Seigneur que ce soit le bon, le moins bon ou le mauvais. Tout est reçu de manière égale.

Théo. – J'ai une forte tendance à aimer le bon et le bien !

Jeanne. – Comme nous tous, mais la vie ici bas est faite de jour et de nuit. Nous l'acceptons pleinement et de ce fait nous transcendons la dualité pour entrer dans le royaume de Dieu, de l'Unité.

Théo. – L'ancien m'a dit que la souffrance est plus psychologique, émotionnelle alors que la douleur est objective qu'elle nous informe d'une situation pour que nous fassions le nécessaire pour remédier à la cause de la douleur. Avec ce que tu viens de me dire, j'ai décidé de mieux pratiquer mon nettoyage afin d'éviter au maximum toutes les souffrances inutiles.

Jeanne se tait, Théo n'est pas encore prêt.
Tous, nous passons par là, pense-t-elle. Nous voyons d'abord les événements de la vie en positif ou négatif, alors qu'il faut aller bien au delà, soutenus en cela par l'amour, la confiance et la foi. Cela prend du temps et une conscience que le jeune homme n'a pas encore acquis.

Théo continue son raisonnement :
Il est vrai que plus on aime Dieu, moins l'on pense à soi et plus on se purifie. On devient aussi plus subtil alors pourquoi serait-il nécessaire de souffrir ?

Jeanne. – Quand tu fais de l'exercice physique, tu souffres toujours un peu au début, c'est lié à l'effort que tu produis. Il en est de même quand tu débutes toute pratique spirituelle. Par contre, quand tu abordes la pratique avancée, le travail de l'âme consiste surtout à ne rien faire, à rester au repos dans le fond de ton cœur, tout en contemplant le Divin. L'équanimité s'installe alors en toi. Les taoïstes parleraient de « neutralité bienveillante », tout devient égal, disent-ils, et rien ne peut toucher « le vide médian » de leur cœur.

Les trois amis se taisent et s'absorbent dans ce silence habité. La grâce les enveloppe ; les mots ont atteint leur limite ; c'est le temps du repos, de la paix intérieure.


Théophile l'Ancien
Extrait de
Dialogues avec Théophile l'Ancien
L'initiation de Théophile le Jeune
http://theophilelancien.blogspot.fr/