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En chemin avec Théophile l'Ancien
Théophile le Jeune a
décidé de se pencher sur le Taoïsme et il sait pertinemment que
l’Ancien connaît bien ce domaine.
Théo.
– Je sais que tu as enseigné la méditation
selon le Sahaj Marg pendant plus de quarante ans, mais aussi la
philosophie du taoïsme à tes élèves en énergétique chinoise
traditionnelle. Pourrais-tu me parler du Tao ?
L’Ancien.
– Que ce
soit la mystique chrétienne, le soufisme, la kabbale ou le taoïsme,
toutes ces traditions possèdent une constante : le cœur.
Chacune l’enseigne selon sa culture, son époque, mais le cœur,
donc l’Amour,
y est toujours roi. Je me suis adapté aux personnes que je
rencontrais, me mettant au service de leur cœur, respectant leurs
croyances, leur religion. Pour les autres, celles
qui disent ne pas croire,
j’ai plutôt utilisé
la sagesse issue de la
médecine chinoise et du taoïsme.
Théo.
– Pour quelle raison ?
L’Ancien.
– Les
taoïstes ne parlent pas de Dieu mais d’un principe primordial,
d’une énergie universelle, de yin-yang, d’équilibre intérieur,
de vie en accord avec la Nature, en accord avec soi. Les taoïstes
ont adopté un langage neutre qui convient à des personnes qui se
considèrent comme athées, mais qui sont profondément sensibles et
humanistes. Les taoïstes vivent sans contraintes.
Théo.
– Un peu comme le bouddhisme d’ailleurs !
L’Ancien.
– C’est
vrai, mais je connais mieux le taoïsme et leurs livres canoniques :
le Su Wen Ling Shu et le
Yi Jing.
Ils
contiennent des
connaissances qui ont été révélées. Elles font partie intégrante
du savoir requis pour pratiquer et enseigner l’énergétique
chinoise traditionnelle. Ils
font la distinction entre "l’organe cœur", "xin",
et le "cœur-esprit", "Shen". Ce dernier y
est considéré comme le centre de l’être, celui qui organise,
distribue le sang (xue) et les énergies (qi), mais aussi l’esprit
qu’il équilibre et harmonise.
Théo.
– Ces
livres évoquent-ils
l’Amour ?
L’Ancien.
– Non, ils
parlent plutôt de neutralité
bienveillante.
Théo.
– Alors ils se rapprochent des chamanes qui
enseignent
Ho'oponopono.
L’Ancien.
– Plus
précisément, ils se mettent en contact avec le vide médian du cœur
et laissent faire ce qui doit se faire.
Théo.
– D’où la neutralité
liée à l’observateur.
L’Ancien.
– Et la
bienveillance : elle est liée à
l’Amour,
bien qu’ils n’en parlent pas. Les
taoïstes laissent les souffles et les vertus provenant du Tao agir
d’eux-mêmes, sinon
ils
auraient l’impression d’interférer
avec la Nature
ou la vie de tout être vivant.
Théo.
– Ils ont une réputation d’hommes libres,
jamais soumis à aucune autorité, qu’en est-il vraiment ?
L’Ancien.
– Cette
notion a souvent été mal comprise. Les taoïstes font aussi
abstraction de leur ego. Ils laissent les souffles les traverser et
guider leur existence. Cela requiert une très grande discipline, une
vigilance de chaque instant afin de laisser les commandes au Tao.
Théo.
– Explique-moi ce qu’est le Tao.
L’Ancien énonce
doucement, les yeux mi-clos :
"Le
Tao désigne le Sans Nom…
Rien n’est
séparé du Sans Nom…"
Il marque une pause et
poursuit :
"Ne
connaissant pas le Sans Nom, je
l’appelle Tao.
Je
m’efforce de l’appeler Grandeur.
La
grandeur implique l’expansion,
L’expansion
implique l’éloignement,
L’éloignement
implique le retour."
– C’est
la même approche que les voies et les religions que nous
connaissons, commente Théo.
L’Ancien.
– La
Connaisance est universelle. La Réalité est une. Les taoïstes
parlent de cette Unité, du Zéro Infini mais surtout ils la vivent.
Le "Sans Nom" se retrouve aussi dans la Tora, le Coran et
bien d’autres livres sacrés.
Théo.
– La solution est toujours ce fameux ZéroInfini : alors il n’y a rien en soi qui puisse être perturbé,
destabilisé.
– Continue,
encourage le vieil homme attentif.
Théo.
– Eh bien ! quand je suis le Zéro Infini,
l’Amour divin est totalement libéré en moi et il n’y a que lui
qui agit, le reste apparaît comme illusoire et ne pouvant exister
réellement, encore moins m’atteindre.
L’Ancien amusé approuve
par un poème :
" Sans
Nom, il représente
l’origine de l’univers ;
avec
un nom, il constitue la Mère de tous les êtres.
Par
le non-être saisissons son secret,
Par
l’être, abordons son accès."
– Ce
poème taoïste, commente Le vieil homme, nous donne la direction à
suivre pour réaliser le Soi. Nous pourrions remplacer le "Sans
Nom" par le nom "Dieu"ou "le Divin".
Certains y sont réticents voire réfractaires, alors nous parlons de
la Nature, de "l’énergie universelle" en utilisant les
lois du Tao et les écrits des Maîtres taoïstes comme supports de
communication.
Théo.
– Mais le Tao c’est le Dieu incréé, le
Centre dont parle Babuji qui n’a ni Nom, ni mental, ni attribut !
L’Ancien.
– Bien sûr,
mais qu’importe l’appellation, l’approche du Divin est une.
Même appelé Tao ou "Sans Nom" cela peut devenir un dogme
si on n’y prend pas garde.
Théo.
– C’est comme dans certaines religions,
représenter Dieu est un blasphème, un interdit alors que
réellement, il est vraiment impossible de le représenter. Celui qui
le fait se méprend. Cela n’empêche pas d’évoquer Dieu, par la
prière, un poème ou tout autre moyen comme de reconnaître le Divin
chez les grands êtres spirituels.
L’Ancien.
– Et en
chacun, et en toutes choses bien sûr. Cette reconnaissance procure
un immense bonheur que les dogmatiques ne peuvent connaître. Il y a
une révérence face à la beauté de la création divine, à sa
diversité. L’homme est totalement porteur de la création, de
l’univers, du Divin, c’est un fait. Le reste n’est qu’une
question culturelle. Le Taoïsme nous invite à accéder au vide en
nous et à saisir le Sans Nom.
Théo.
– Comment procède-il ?
L’Ancien.
– En
méditant sur le vide médian. Voici deux poèmes qui évoquent le
Tao.
"Le
Tao est sans attribut,
existant
par soi, indifférencié,
Vaste
au-delà de toute conception,
Et cependant
présent en entier dans une minuscule petite graine."
"Les
mille êtres émanent tous du Tao,
L’illusion
de leur séparation n’étant que l’effet réciproque
du
yin-yang."
Laissant Théophile le
Jeune savourer la profondeur du poème, l’Ancien se lève pour
accueillir un visiteur qu’il présente à son jeune ami :
– Voici mon ami Tseu qui peut répondre à tes questions et te parler du Tao et du yin-yang encore mieux que moi.
– Voici mon ami Tseu qui peut répondre à tes questions et te parler du Tao et du yin-yang encore mieux que moi.
L’Ancien les laisse face
à face et va préparer l’indispensable thé.
Tseu fixe Théophile le
Jeune et commence d’une voix paisible :
– Pour nous, tout le travail de l’être humain au cours de sa vie consiste à s’harmoniser avec le Tao. La voie du Tao se nomme aussi la "Voie céleste". Elle nous permet de vivre en harmonie avec la Nature et le temps.
– Pour nous, tout le travail de l’être humain au cours de sa vie consiste à s’harmoniser avec le Tao. La voie du Tao se nomme aussi la "Voie céleste". Elle nous permet de vivre en harmonie avec la Nature et le temps.
Théo.
– Pourquoi
le temps ?
Tseu.
– Le flux
du temps se caractérise par des changements permanents. Ces
variations se repèrent dans
un jeu de forces "opposées complémentaires" qui sont
appelées yin-yang. Le temps terrestre se reconnaît dans les quatre
saisons. L’homme cherche son chemin au sein de tous ces mouvements
et l’équilibre naît de l’harmonie.
Il marque une pause avant
que Théophile le Jeune l’interroge :
– Comment repère-t-on ce temps ?
– Comment repère-t-on ce temps ?
Tseu.
– En
captant le moment juste, dans la paix et le silence intérieur :
"Immobile,
l’être est vigilant aux mouvements du
Yin-Yang
et aux cinq actions des éléments.
et aux cinq actions des éléments.
Le sage
observe les changements intérieurs et extérieurs
pratiquant l’agir et le non-agir, dans la justesse du temps."
pratiquant l’agir et le non-agir, dans la justesse du temps."
Mais Théophile veut aller
plus loin et pousser Tseu dans ses retranchements :
– Comment approcher le Tao ? Si j’ai bien compris, il n’a ni commencement ni fin ; il est indéterminé et sans forme. Il n’est rien, vide. Comment faire ?
– Comment approcher le Tao ? Si j’ai bien compris, il n’a ni commencement ni fin ; il est indéterminé et sans forme. Il n’est rien, vide. Comment faire ?
Tseu pose tranquillement la
tasse de thé servie par l’Ancien et ferme les yeux. Tel
une montagne, immobile, impassible, il se tient droit et
respire sans bruit. De lui émane une force douce, tout son être
semble rayonner. Autour de lui chaque chose, chaque être, semble à
sa juste place, dans la complète harmonie de cet instant. Le silence
même prend une texture particulière et remplit la pièce baignée
de la lumière de cette fin de journée.
Théo a bien sûr reconnu
le signal de l’intériorisation et il laisse son esprit s’absorber
totalement en son cœur, tout en regardant attentivement ce fascinant
personnage.
A la fin de ce long moment
de paix et d’équilibre profond, Tseu reprend ses explications en
citant Laozi :
"Trente
rayons convergent au moyeu,
mais c’est le vide médian qui fait marcher le char.
mais c’est le vide médian qui fait marcher le char.
On
a façonné l’argile pour en faire des vases,
mais c’est du vide interne que dépend leur usage.
mais c’est du vide interne que dépend leur usage.
La maison
est percée de portes et de fenêtres,
mais c’est encore le vide qui permet l’habitat."
mais c’est encore le vide qui permet l’habitat."
– Je
vois, dit Théo, j’abordais la question à partir du "vide
absolu", mais je vois comment le vide permet à l’énergie, à
la vie de passer, d’occuper l’espace intérieur engendré par ce
vide.
Tseu.
– Le vide
représente le pivot entre le yin et le yang. Le vide s’associe
toujours à la plénitude, l’intérieur à l’extérieur. Pour
être en accord avec le Ciel et La Terre en soi, autour de soi, il
suffit de se ressourcer dans le vide originel.
Théo ne dit rien, mais
cela lui rappelle immédiatement la nature originelle appelée
"fitra" qu’il a rencontrée avec le soufisme.
Bien que silencieuse, cette
pensée semble approuvée par un discret hochement de tête de Tseu
qui le fixe en souriant.
– Ah !
Lui aussi peut lire dans mon esprit ! s’exclame Théo en riant.
–
Le sage, attentif
aux indications subtiles qui apparaissent en lui-même, s’accorde
aux souffles du Ciel et de la Terre pour avancer sur le chemin, sans
s’égarer, dit Tseu d’un ton sentencieux.
– J’ai
entendu parler de l’agir et du non-agir des taoïstes, qu’en
est-il ? reprend sérieusement Théo.
Tseu.
– Le sage
s’accorde spontanément aux choses. Nous pratiquons une
"non-méthode" qui consiste par le vide médian du
cœur-esprit à retourner à l’ordre naturel de toute chose.
Théo.
– Cela se rapproche des explications que donne
la physique quantique, n’est-ce pas ?
Tseu.
– Oui, mais
nous prônons plus la spontanéité et l’innocence, que
l’intelligence. Nous nous conformons à l’instant. Il n’y a pas
de stratégie.
Théo.
– D’accord, mais il est prouvé que
l’observateur change la nature de l’expérience rien que par son
observation. Connais-tu l’effet papillon ?
–
Tout à fait, répond
Tseu avec malice, grâce à un grand ami de l’antiquité,
Tchouang Tseu,
qui était en train
d’écrire et qui rêva
qu’il était, voletant, un papillon heureux de son sort, ne sachant
pas qu’il était Tchouang
Tseu.
Il se réveilla soudain et s’aperçut qu’il était Tchouang
Tseu. Il ne savait plus s’il était
Tchouang
Tseu qui rêvait qu’il était un papillon ou un papillon qui rêvait
qu’il était Tchouang
Tseu. (Tchouang
Tseu II-6)
Theo réplique, sans se
troubler :
– Babuji parlait de "l’action sans action" et le Seigneur Krishna conseillait de ne jamais se préoccuper du fruit de ses actions.
– Babuji parlait de "l’action sans action" et le Seigneur Krishna conseillait de ne jamais se préoccuper du fruit de ses actions.
– De vrais
taoïstes ! s’exclame Tseu.
Les trois hommes rient de
bon cœur.
Théo.
– Peux-tu me donner un autre exemple pratique
sur le taoïsme ?
Tseu.
– Je vais
te donner une image si tu veux. Le non-agir exclut la rigidité et
implique la souplesse qui permet de se courber et de se relever.
C’est l’exemple du saule (soul ...) qui ploie sous le poids de la
neige. Il plie même jusqu’à toucher terre. Sa force réside dans
sa souplesse et son immobilité alors qu’un autre arbre résistera
au poids de la neige au risque de se casser.
Théo.
– Le saule en se courbant jusqu’à terre
développe l’humilité, comme le roseau face au chêne.
Tseu.
– Probablement,
mais lorsque tu fais un avec le souffle de l’instant, la notion de
moi, d’ego n’existe plus. Il y a un flux qui est chevauché
spontanément avec l’innocence de l’enfant.
Tseu.
– La
première expression du Tao est le yin-yang qui se combine à
l’infini dans un espace qui est situé entre Ciel et Terre. L’homme
est au milieu, recevant l’influx combiné des souffles de la Terre
et du Ciel. Pour cela, l’être humain doit avoir toutes ses
ouvertures libres, ouvertes, c’est-à-dire vides, pour qu’il y
ait une libre circulation des énergies et qu’elles se mélangent
harmonieusement en lui.
Théo.
– C’est ce que nous faisons avec le cœur,
tout du moins le chakra du cœur : nous le purifions, le
nettoyons de toutes les impressions et complexités qui l’encombrent
afin qu’il reçoive la transmission d’énergie yoguique.
Tseu.
– Bien sûr,
tout se rejoint par-delà les époques, les lieux ou les traditions.
Les différences sont seulement le fait de l'esprit séparatiste des
hommes. Par exemple les hindous
sont dits polythéistes parce qu’ils appellent "devas" ce
que les religions dites monothéistes appellent anges et archanges.
Il y a beaucoup de préjugés et de xénophobie chez les êtres
humains de tous les continents. Ils ont peur des différences et,
comme ils sont désunis en eux-mêmes, ils croient se protéger en
prônant la séparation d’avec l’autre, l’étranger.
Théo.
– L’étranger est étrange. Et ce qui est
étrange fait peur et dérange.
Tseu continue :
– Plus la personne est "séparatiste", plus nous devons avoir de la compassion pour elle et lui envoyer de l’amour. Cette séparation est la marque d’un être qui ne s’aime pas beaucoup et qui a aussi des difficultés à recevoir de l’amour.
– Plus la personne est "séparatiste", plus nous devons avoir de la compassion pour elle et lui envoyer de l’amour. Cette séparation est la marque d’un être qui ne s’aime pas beaucoup et qui a aussi des difficultés à recevoir de l’amour.
Théo.
– Que
penser des peuples primitifs qui utilisent la
magie et la superstition ?
L’Ancien.
– La magie
n’est rien d’autre qu’un mauvais usage des lois et des
principes à des fins personnelles. Il y a la magie primitive et il y
a la magie moderne, celle qu'utilisent les publicitaires et les
politiciens. Ils manipulent les foules pour les amener à acheter
leurs produits ou à voter pour eux. Ils ont acquis un savoir
efficace, basé sur la psychologie. C’est une forme moderne de
magie qui manipule l’illusion à des fins égoïstes.
Théo.
– Peut-on être si facilement manipulés ?
Tseu.
– Ce n’est
pas le sujet d’aujourd’hui, mais je vais te donner à réfléchir :
une malédiction ne peut aboutir que si quelque chose en toi le
permet et se trouve être en correspondance avec l’intention
lancée, autrement elle est inefficace.
Théo, malicieux :
– Dommage j’aime quand Gandalf le Gris combat les forces du mal. Cela donne de mémorables combats.
– Dommage j’aime quand Gandalf le Gris combat les forces du mal. Cela donne de mémorables combats.
L’Ancien corrige :
— Mais le porteur de l’anneau est le véritable héros qui va sauver le monde grâce à son innocence. Le pouvoir a très peu de prise sur lui. Même la reine des Elfes se méfie du pouvoir de l’anneau qui pourrait la corrompre.
— Mais le porteur de l’anneau est le véritable héros qui va sauver le monde grâce à son innocence. Le pouvoir a très peu de prise sur lui. Même la reine des Elfes se méfie du pouvoir de l’anneau qui pourrait la corrompre.
Théo déclare emphatique :
– Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument !
– Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument !
–
Assez de
"Fantaisie", revenons à nos taoïstes ! le rabroue
gentiment l’Ancien.
Théophile
l’Ancien
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune
http://theophilelancien.blogspot.fr/
Extrait de Dialogues avec Théophile l’Ancien
L’initiation de Théophile le Jeune
http://theophilelancien.blogspot.fr/
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